Dynamiser son enseignement en amphi

L’enseignement en amphi, d’autant plus face à de grands groupes d’étudiant·es, comporte un certain nombre de défis à relever. Nantes Université propose quelques pistes de réflexions pédagogiques, activités et outils pour favoriser l’engagement et l’activité des étudiant·es.

Les 3 défis majeurs à relever pour un enseignement en amphi

  • Maintenir l’attention de nombreux étudiant·es sur une période de deux heures quand une fenêtre d’attention moyenne n’excède pas 20 minutes.
  • Rendre un cours dynamique dans des amphithéâtres peu modulables, où les sièges sont fixés au sol et dans lesquels la distance entre un·e professeur·e en position d’orateur et les étudiant·es auditeur·es est particulièrement marquée.
  • Faire participer l’ensemble des étudiant·es quand le nombre est un facteur générateur d’un possible sentiment d’anonymat peu propice à un engagement dans les tâches d’apprentissage.

Comment dynamiser un cours magistral ?

Dynamiser son cours en amphi et rendre les étudiant·es plus actifs dans leurs apprentissages ne signifie pas pour autant abandonner complètement la forme du cours magistral et la méthode expositive. Celle-ci reste adaptée à de nombreux contextes, notamment quand il est nécessaire d’assurer la transmission d’informations et de connaissances essentielles à un groupe et de s’assurer que les étudiant·es disposent du même niveau d’information.

Pour assurer le dynamisme et l’engagement des étudiant·es dans un contexte de cours magistral, il convient toutefois de mettre en œuvre des stratégies pédagogiques et d’animation anticipées dans le scénario pédagogique pour rythmer une séance et dépasser l’effet d’anonymat et de passivité induite sur les étudiants par la forme amphithéâtre.

Générer et maintenir l’attention des étudiants  : une stratégie qui se prévoit en amont du cours

Plusieurs stratégies pédagogiques peuvent être adoptées dès la préparation du cours pour favoriser la rétention des connaissances par les étudiant·es.

Si la recherche a démontré que les étudiant·es ne disposent pas d’un profil d’apprentissage dominant basé sur une manière préférentielle de traiter l’information (Rousseau et al, 2018), la multiplication des manières de présenter une information permet de garantir une meilleure accessibilité des informations à la diversité des étudiant·es présents en amphi ou en salle de classe. Cela permis également aux étudiant·es d’adapter leur stratégie d’apprentissage en fonction du contexte (niveau d’attention, de fatigue…) (Bonnéry, 2015).

Il est donc conseillé de présenter une information importante sur différents supports, tels qu’à l’oral et sur un powerpoint, ou écrit au tableau puis illustré avec une vidéo sous-titrée ajoutée ensuite à un espace MADOC… En plus de permettre de s’adresser à un plus grand nombre d’étudiant·es, cette variation des supports permet un double encodage mémoriel d’une information dans la mémoire à long terme (Vanpee et al, 2008).

Les capacités d’attentions sont variables en fonctions des contextes et des moments de la journée ainsi que de la présence de distractions, mais excèdent rarement 20 minutes (Wilson et Korn, 2007). Au-delà de ce seuil, il est recommandé d’éviter les séances expositives trop longues et de mettre en place des stratégies visant à regagner l’attention et à recréer de l’engagement au sein de son auditoire.

En ce sens, une des principales stratégies mobilisables est l’utilisation de pauses cognitives, c’est-à-dire de temps durant lesquels l’exposé de l’enseignant·e s’arrête au profit d’activités pédagogiques de remobilisation des étudiants (Mickael et al, 2015) : 
  • Questionner les étudiant·s sur leur compréhension de la séquence expositive passée,
  • Demander aux étudiant·s d’utiliser ce temps pour mettre de l’ordre dans leurs notes et de les comparer avec celles de leurs voisin·es de table (Ruhl et al, 1987). Cela permet de faire émerger d’éventuelles questions aux étudiant·es et aux plus timides d’entre eux, de demander de l’aide à leur voisin, ce qui est parfois plus facile que de témoigner d’une incompréhension devant l’ensemble de la promotion,
Ces pauses représentent donc une respiration cognitive nécessaire à la reprise de l’exposé dans de bonnes conditions d’attention. Pour autant, elles ne sont pas une pause dans les apprentissages mais bien une manière de les consolider en fonction des objectifs de l’enseignant.e.

Dans la même idée d’adaptation du scénario de la séance en amphi aux fenêtres d’attention, il est possible de préparer une variation d’activités pédagogiques qui suscite la participation des étudiant·es. Cette succession de séquences magistrales avec des séquences actives, pas nécessairement longues (de l’ordre d’une dizaine de minutes maximum) permet de maintenir un engagement des étudiant·es dans les tâches d’apprentissage (Tremblay-Wragg et al, 2018). En introduisant des « fenêtres d’interaction », ces activités permettent également de rendre concrets auprès des étudiant·es les concepts abordés lors de la séance expositive (Pelaccia, 2021).

De la sorte, si l’exposé magistral permet d’identifier et de comprendre les processus et concepts présentés par l’enseignant·e, les activités actives permettent d’aller plus loin en représentant des opportunités de mise en application, d’analyse ou d’évaluation des connaissances, sans attendre la séance de TD.

Animer son cours en amphi : dynamisme et posture d’ouverture

Si la préparation en amont de sa stratégie pédagogique est indispensable pour favoriser l’attention et le dynamisme des étudiant·es, certaines techniques et postures d’animation de la séance permettent de renforcer cette ambition.

Pour dépasser les impressions de fixité et de monotonie de la forme amphi, il ne faut pas hésiter à introduire des ruptures dans sa manière d’animer un exposé magistral. Ces ruptures peuvent s’opérer :
  • par le mouvement, en prenant bien soin de se déplacer dans l’espace pour créer un stimulus visuel pour les étudiants,
  • par le ton en jouant sur la vitesse et l’intensité de la voix par exemple (Tellier et Cadet, 2014).
  • en variant les registres d’expression pour mettre en scène le propos.
Il est par exemple possible d’alterner entre discours théorique et application pratique, ou d’introduire une dimension émotionnelle en communicant son enthousiasme pour le contenu du cours. Un·e enseignant·e qui manifeste une passion authentique pour les savoirs qu’iel transmet exerce une influence pédagogique déterminante sur ses étudiant·es. Cette passion, loin d’être un simple vecteur émotionnel, agit comme un catalyseur cognitif : elle stimule l’attention, favorise l’engagement actif et renforce la mémorisation en créant un climat d’apprentissage propice à la curiosité et à l’exploration (Champagne, 1996).

De même, ponctuer ses exposés d’anecdotes personnelles et de mise en lien avec l’actualité aura pour effet de rendre les connaissances moins abstraites pour les étudiant·es, favorisant ainsi l’appropriation des savoirs, nécessaire à leurs mobilisations dans des activités plus larges.

La forme amphithéâtre, souvent associée à des groupes classe particulièrement nombreux, peut paraitre impersonnelle. L’étudiant·e peut facilement se sentir anonyme parmi un grand nombre d’autres étudiant·es. Ce sentiment d’être spectateur ne facilite pas la responsabilisation des étudiant·es vis-à-vis de leurs apprentissages et provoque une tendance à l’absentéisme (Moore et al, 2008). Individualiser autant que possible son public en développant des micro-interactions avec lui peut permettre de désamorcer ce sentiment d’anonymat (Champagne, 1996). Ainsi, la capacité à se montrer disponible, par exemple en faisant l’effort de connaitre un maximum d’étudiant·es par leurs noms et les interroger parfois de manière nominative, peut permettre de renforcer leur engagement dans un cours. De même, se mêler aux étudiant·es durant les pauses et leur offrir la possibilité de rencontres durant le semestre permet de créer une proximité qui se reflètera dans la perception qu’ils auront des enseignements, favorisant l’engagement et l’attention portée aux apprentissages.

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Mis à jour le 02 décembre 2025.